dimanche 1 août 2010

Critique de la bureaucratie (1)

Pourquoi critiquer la bureaucratie d'un établissement universitaire ?

• L'interculturel

Cette critique relève, dans mon cas, (aussi) de l'enjeu interculturel : j'ai commencé ma carrière universitaire en France et relève tout ce qui est différent et (me) "dérange" dans une université allemande. Mais à quoi bon ce jeu interculturel individualiste ?! Je n'aurais qu'à me ranger, de rentrer dans le moule, d'accepter la différence. Cette remarques m'est souvent faite par mes paires (mais pas par mes collègues du département de français dont je suis le directeur…) et qui me considèrent comme un "électron libre" difficile à intégrer. Cette réflexion n'est pas complètement dénuée de sens. Mais cet aspect de ma critique de la bureaucratie est accessoire.

• Le bon sens populaire ou "le syndrome de la promotion Focus" / "le principe de Peter"
« Tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence. » Cet énoncé relève de la boutade mais n'est pas complètement erronée car il pointe la faiblesse du type d'organisation pyramidale.
Mais plus sérieusement référons-nous d'abord à la philosophie.

• La morale
Kant fonde la morale sur le critère de l'Universel : n'est que moral ce qui peut être 'universalisé'. Tous les arbitraires, les abus et privilèges qui émergent dans une organisation bureaucratique (parfois à l'insu des acteurs eux-mêmes) méritent d'être dénoncés au nom de cette morale kantienne, de son impératif catégorique.

Aujourd'hui, la critique de la bureaucratie doit dépasser la morale d'un Ricoeur – approche herméneutique et individualiste – et d'un Hambermas – la théorie critique et le principe de l'Agir communicationnel dualiste idéal – qui se cantonne aux rapports intersubjectifs. Elle doit s'incarner dans le politique, dans les rapports sociaux pour éviter de tomber dans un cynisme gestionnaire réputé et répandu dans le milieu universitaire : la posture du chercheur, soit-elle objectiviste et naturaliste ou plus "subjective" et impliquée, perd de sa superbe pour se résumer à des jeux de pouvoir, de domination.

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