vendredi 6 août 2010

Critique de la bureaucratie universitaire (2)

Critique de la bureaucratie universitaire comme critique de la formation tout au long de la vie

Michel Crozier définit la bureaucratie comme "une organisation qui n'arrive pas à se corriger en fonction de ses erreurs." (Michel Crozier : 1963, Le Phénomène bureaucratique, Paris : Le Seuil, p. 229).

Cornelius Castoriadis pousse cette critique plus loin en en disant que lorsque les institutions considèrent ce qui est institué comme indubitable, elles tendent à leur reproduction inertielle (cf. Cornelius Castoriadis 1999 : Les carrefours du labyrinthe, tome 2 : Domaine de l’homme, Paris : Éditions du Seuil, collection « Points-Essais », p.477).

La critique des Sciences de l'Éducation en Allemagne reste, à ce niveau, figée dans la tradition de la théorie critique. Prenons une des publications récentes dans ce domaine, celle d'Astrid Messerschmidt (en l'occurrence son HDR) ; elle en est un bon exemple :

"[Es ercheint mir angemessen], von einem fragilen Konzept der Bildung auszugehen, das es mir ermöglicht, Brüche und Infragestellungen meiner eigenen durch Bildung angeeigneten Selbst- und Weltbilder zu artikulieren. Dabei riskiere ich zwar eine gefestigte Position, eröffne aber Zugänge für ein Bildungskonzept, das nicht ignorant bleibt gegenüber den inneren Brüchen in seiner jüngeren Geschichte. (Astrid Messerschmidt : 2009, Weltbilder und Selbstbilder, Frankfurt / Main : Brandes & Apsel, p. 254).

L'auteur exige un haut de niveau de réflexion, entre autres, de sa propre position en tant que chercheur et pédagogue, mais elle y reste figée. Toute implication dans la triade 'institution – institué – instituant' demeure un appel sans suite. Il n'est pas étonnant qu'en Sciences de l'Éducation allemande, la socianalyse / l'analyse institutionnelle, le concept des groupes opérationnels restent pratiquement inconnus.

En absence de toute critique de la vie quotidienne de l'institution de formation, de la formation elle-même, par manque d'implication réelle, cette approche, issue de la théorie critique (certes mise au goût du jour dans ses références conceptuelles), ne fait que consolider et perpétuer le mode de fonctionnement de la formation ; elle relève de l'idéologie au lieu de le faire évoluer, voire l'aider à changer. Cette approche de la théorie (néo-)critique affiche des buts très ambitieux mais n'améliore en rien l'efficacité du système de formation (son inefficacité étant reconnue par la tutelle ministérielle, les futurs enseignants et les chercheurs eux-mêmes…).

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